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C'est une chose étrange à la fin que le monde

Lundi 1er novembre 2010 à 23:48

Ca puait l'automne. Il faisait froid, le vent soufflait, les feuilles étaient pourpres et or. Tout semblait quelque peu irréel, trop beau pour être vrai. Les couleurs m'obnubilaient, j'étais comme ailleurs. Perdu au milieu de nul part, totalement détaché de la réalité. J'observais, simplement, planté là sans rien dire une mine contemplative d'un gamin qui découvre le monde pour la première fois sur la gueule. Finalement ce n'était peut-être que l'alcool de la veille. Elle l'avait bien dit pourtant : "T'abuses". Ouais, j'avais bien abusé, mais pourtant j'étais tout à fait moi-même, juste ce mal de bide qui ne voulait pas me quitter, histoire de me rappeler que se déconnecter du monde le temps d'une soirée, ça se paye cash.

Je me sentais paumé au milieu de tout ça, délicieusement paumé. Plus de repères, aucune boussole ni carte, l'important était juste de regarder tout ça d'un oeil nouveau. J'observais le monde qui m'entourait, ce paysage si familier dans lequel j'évoluais depuis si longtemps me semblait étrangement nouveau, je regardais tout d'un autre oeil. J'étais paumé au milieu du monde, je ne savais pas où j'allais, qui j'étais, ce que je foutais là et ça me faisait délicieusement peur. Je me disais que j'étais entrain de tout foutre en l'air, que je partais à la dérive, que je naviguais à vue alors que j'étais totalement aveugle et que merde je savais plus ce que je devais faire.

Et là tout s'est enchaîné. Dans le sourire d'une gosse, j'ai compris qu'il ne fallait pas trop se poser de questions, vivre comme ces petits bonhommes et petites demoiselles hauts comme trois pommes, simplement vivre et s'émerveiller un peu de ce que l'on a, ne pas trop se poser de questions. Et là, et là j'ai reçu une décharge. Je tremblais, comme une feuille qui sent les frimas de l'hiver qui approchent et qui essaye désespérément de se raccrocher à sa branche. Et j'ai senti ta main sur mon épaule, ton regard bienveillant, ta présence qui se matérialisait dans le vent qui soufflait. Tu étais là, le monde était beau, le monde était magnifique. Et je me suis effondré de joie en entendant ta voix qui me disait: "Tu as fait le bon choix, ne t'inquiètes pas tout ira bien." 

Dimanche 31 octobre 2010, 13h57, je chialais de joie assis sur ce banc, seul mais pas tant que ça.

Et sur des airs de Nouvelle-France, mon coeur dansait à nouveau.
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